Parce que le monde est un enfer,plus rien ne matteindra-Alex

Elle raccrocha le téléphone que son père lui avait offert. Elle lui avait dit qu’elle n’avait pas vraiment une grande opinion de son école. Il lui avait demandé si elle voulait rentrer. Elle lui avait rappeler que si elle en était là aujourd’hui c’est parce que rien ne l’avait jamais fait reculer. Il lui avait répondu que tout ce qu’il voulait c’était son bonheur. Puis ils avaient raccroché.

« Le bonheur ! Quel sera-t-il mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle la petite Ami ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle-aussi pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle sourire ? A qui mentir ? A qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ? Je veux savoir comment je m’y prendrai moi aussi pour être heureuse ! Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir ! Vous dites que c’est si beau la vie, je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre ! »

Elle se remémora ce texte qu’une habituée du restaurant de son père lui avait appris. Une comédienne, une artiste qui n’aimait personne non plus. Un peu comme elle ! Cela dit, elle ne se sentait pas vraiment concernée par ce texte : cela faisait longtemps qu’elle avait renoncé au bonheur. Si la mort n’avait pas voulu d’elle pourquoi le bonheur voudrait-il la rattraper ?

*Un peu déprimant comme pensée !*

Elle s’en fichait. Elle n’avait jamais su ce que cela faisait d’être heureuse et elle avait appris à faire avec. Plus rien ni personne ne pouvait l’atteindre !

*Sauf mon père !*

Elle détestait lui donner autant d’importance, pourtant c’était la seule personne au monde pour qui elle avait de l’affection. La seule à pouvoir l’atteindre ! Dans cette école, jamais elle ne donnerait la moindre importance à qui que ce soit !

Elle prit un cailloux qu’elle envoya dans le lac en poussant un cri de rage.

Alex avait un excès de rage en lui. C'était comme ça, incontrolable. Un reste de la caravane, la hantise des espaces confinés. Alors bien sûr, l'académie était immense, mais le fait de se savoir enfermé... Nan, ça allait bien cinq minutes. Il avait besoin de sortir, de se défouler un max, de frapper quelque chose ou quelqu'un.

*Je pourrais aller chercher Connor!*

Cette vague pensée de fighteux le fit sourire l'espace d'une seconde, mais n'évacua en rien sa rage, l'accentua peut-être encore plus. Peut-être qu'une bonne bataille lui ferait le plus grand bien. A l'époque, il parcourait le quartier, l'oeil sombre, trouvait toujours un ou deux mecs émméchés, donc totalement inconscients qui osaient le chercher malgré sa pure réputation. Mais là... Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire? Courir? Il avait essayé le matin, entre deux cours, mais là, pas moyen de se calmer. Alors? Il avait griffonné en cours, avait pensé à Jess, Jess, Jess mais ça n'avait rien donné. Toujours cette colère.

Il était donc parti au lac, l'oeil qui étincelait de cette rage qui l'habitait et s'était assis tout simplement, faisant tout pour contenir cette partie de lui qui avait envie d'exploser. Une fille, pas loin, discutaillait apparement au téléphone. Lui, il aurait fait quoi d'un portable? Bref, il n'y attacha pas d'importance et regarda tout simplement la surface de l'eau qui renvoyait le ciel chargé et grisâtre.

*Temps de ... *

Un cri de rage le sortit de ses pensées. Apparement, il n'était pas le seul à avoir envie de pousser une gueulante. L'asiatique qui était au téléphone. Et en plus, elle troublait la surface paisible de l'eau.

Il la regarda avec une étincelle de compréhension cachée bien derrière celle de sa rage profonde.

*Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ?*

Une simple envie de pousser un cri avait pour conséquence un regard de travers ! Elle ne lui avait pourtant rien demander à ce mec ! Il était là, à lui lancer un regard plein de rage. Elle le jaugea. Une boule de nerfs. Il se voulait impressionnant.

*Je ne te conseilles pas de m’approcher !*

Ce n’était pas une bagarreuse dans l’âme mais elle était experte en arts martiaux. Ceux qui avaient déjà tenter de l’agresser s’en étaient mordu les doigts. Ainsi que ceux qui s’étaient contenter de l’insulter en fait.
Elle tenta de se convaincre qu’il la provoquait rien qu’en la regardant. Comme ça elle pourrait l’envoyer balader. Elle détestait qu’on la regarde. Depuis ceux qui la traitaient de bâtarde étant petite. Depuis les regards de son grand-père. Tous ces regards malsains. Elle ne voulait plus en voir un seul de sa vie !

*Si tu ne détournes pas les yeux, tant pis pour toi !*

[désolée que ce soit si court mais une taiseuse n'engage pas facilement une conversation si elle n'y est pas obligée^^! sinon je te l'ai faite courte....mais intense]

Alex continua de dévisager la jeune fille, qui le jugeait apparement. Catalogué direct dans la page des enragés, ça c'était sûr. Et elle, elle s'était vu, avec sa petite étincelle de nervosité dans l'oeil. En plus de ça, même pas capable de se retenir de crier. Quand même, si elle n'arrivait pas à se contrôler, c'était bien dommage...

*Y'a des gens comme ça mon p'tit Alex!*

Bien sûr, lui aussi était énervé, mais elle était peu perspicace. Au fond, il avait cru la comprendre. Mais non. Il ne comprenait pas trop là. Pourquoi elle était comme ça. Bizarre comme tout en fait.

*Tu peux parler p'tit con!*

Enfin bref. Alex restant toujours Alex, c'est-à-dire un pur fouteur de merde, il ne lâcha pas des yeux, bien conscient évidemment qu'elle détestait ça. Mais bon, nous parlons bien d'Alex, alors pourquoi ferait-il plaisir à quelqu'un? En fait, rien que le fait de la voir s'enrager un peu plus chaque seconde le contentait. C'était jouissif cet espèce de pouvoir.

Son regard se faisait insistant, il le balada même sur tout son corps avec un espèce de dédain complètement volontaire et méprisant. Détestable, comme toujours, on ne change pas un loup en agneau. En plus là, on ne parlait pas d'un loup. On parlait DU loup. La bête du Gévaudan en chair et en os. Toujours prête à mordre.

*En parlant de mordre...*

L'agressivité se faisait de plus en plus forte là-bas. Pour un peu elle viendrait lui mettre une baigne. Il se mit même à espèrer que c'était ce qu'elle ferait. Bon évidemment, c'était une fille, il ne la frapperait pas aussi fort qu'il cognait ses adversaires masculins. Mais, anti-conformiste, il n'allait pas se priver tout ça parce que c'était une nana.

*Et puis quoi encore!*

Lui retourner un poignet, la plaquer au sol. Hey, ça pouvait être intéressant tout ça!

*Lui, il a un vrai problème !*

Elle en avait assez qu’il la fixe. Visiblement elle était tombé sur un petit prétentieux qui était persuadé d’être le plus fort du monde. Elle en avait déjà rencontré des comme lui. Elle en avait mis KO des plus forts que lui. Et pourtant, on aurait juré qu’il commençait à la chercher.

*Tu veux jouer ? On va jouer !*

Elle ne détourna pas le regard, lança sur lui tout le mépris dont elle était capable. Il l’avait provoquée. C’est bon, elle pouvait intervenir. Elle pouvait lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle allait pouvoir se défouler même. Elle s’approcha lentement mais sûrement de son impétueux adversaire. Oui, tant qu’il la provoquerait, elle le verrait comme ça. Elle était déjà en train de l’étudier pour trouver ses points faibles.

*Rien de visible ! Tant mieux, ce ne sera pas trop facile au moins !*

Elle avait bien vu qu’il s’agissait d’un grand costaud. Ses vrais problèmes, ils étaient dans sa tête. Et de toutes évidences, il en avait assez pour ouvrir un hôpital. Elle était consciente qu’elle aussi.

*Ça nous fait un point commun !*

Elle était maintenant à un mètre de lui. Elle s’arrêta, attendant sa réaction. Elle était sûre d’une chose, ce qui allait se passer n’avait rien d’amical !