Juste une mise au point ... [Connor]

Jessica était rongée par les remords

*T'es un peu dur là non ?*

Enfin soit, elle ne pouvait plus supporter les évitements entre elle et Connor

*- Voilà, comme ça c'est mieux : en fait, ça ne touche qu'à toi même, tas fièrté, sale gamine !
- Non mais de quelle fierté tu parles toi ?*

En fait, ça n'avait rien avoir avec tout ça, c'était juste qu'elle détestait la situation. C'était vrai, elle s'entendait bien avec Connor, elle avait pu le considérer comme son ...

*... meilleur ami ?*

... dès la première fois

*N'évite pas le sujet, tu as dis, enfin pensé > meilleur ami < ?!*

Il avait beau avoir des sentiments à sens unique pour elle, mais Jess pouvait tout de même être sûre de pouvoir lui confier tout et n'importe quoi ?

*- Comme la fois où il t'a montré qu'il avait été dans une institution psychiatrique pour que tu ais pitié de lui ?
- Non mais c'est quand que t'arrête de me torturer ?*

Enfin ... elle n'avait pas réagit de la meilleure façon que l'on puisse imaginer ce jour là, ce fut pour ça qu'elle avait été glissé un petit mot dans son casier, comme quoi, si il le voulait, il pouvait venir la retrouver sur les marches de l'école une fois les cours finis
Encore trente secondes et la cloche sonnera, les trente secondes les plus longues de savie, à s'inquiéter de savoir s'il viendrait ou pas, s'il pourrait lui pardonner ou l'envoyer ballader
Histoire de "gérer" le stress, Jessica commença à se ronger les ongles qu'elle avait durement essayé de garder et finalement, ils passèrent tous au coup de machoir et tout ça pour quoi ? Pour encore dix secondes interminables ! Le compte à rebour avait déjà commencé dans sa tête

*10 ... 9 ... 8 ...*

On aurait presque out se croire au nouvel an. Jessica s'alluma une cigarette, la "dernière", encore et toujours, pour ne pas changer

*... 5 ... 4 ...*

Plus tôt que prévu, la sonnerie retentit : moment de vérité !

Connor n’était pas un adepte des cours et pourtant, il y assistait de plus en plus souvent, sans doute pour éviter de trop penser à sa vie et à ce qu’il devait en faire. Il n’avait pas eu le loisir de se poser cette question ces dernières années. Il avait un plan bien défini et tracé. Mais les évènements des ces derniers mois l’avaient poussé à reconsidérer certaines choses. Il poussa un long soupir alors qu’il se faisait bousculer pour la énième fois de la journée. Non, les élèves de deuxième ne lui prêtaient pas souvent attention. Il s’entendait ma foi mieux avec les plus jeune. Etrangement peut-être. Il y avait Cindy, son frère aussi, Ellie. Tous des nouveaux inscrits. Et bien sûr il y avait Jess.

Il hésitait encore. Il n’avait que quelques dernières secondes pour décider si oui ou non il allait la rejoindre sur les marches du hall. Il savait au fond de lui que la voir lui ferait un bien énorme. Il fallait briser la glace. Car même si Jess ne répondait pas favorablement à ces sentiments qu’il avait pour elle éprouvé, elle n’en restait pas moins son amie.

ET puis, elle ne voulait peut-être que s’enquérir sur le formulaire qu’il lui avait remis, la preuve de son séjour dans cette institution psychiatrique. Elle rirait, verrait qu’il ne lui avait pas menti et fuirait. Les gens avaient toujours fuit, pourquoi serait-elle différente ?

Jess était différente. C’était sans doute pour cette raison que Connor ne savait pas très bien à quoi s’attendre en allant la voir. Il s’était pourtant décidé. Quelques pas incertains le menèrent aux marches. Elle était là, une cigarette à la main. Cette petite chose avait parait-il le don de détendre.

*J’en aurais bien besoin d’une alors !*

Lui qui n’avait jamais touché à ça, se disait soudain qu’il était peut-être temps de s’y mettre. Il esquissa un fin sourire. Il ne se sentait plus aussi impuissant face à elle, bien que tout de même nerveux. Se tenir éloigné d’elle un moment l’avait aidé à se recadrer, à devenir plus fort, ou tout simplement plus humain… aussi normal qu’il pouvait l’être.

*C'est-à-dire pas beaucoup, mais tout de même !*

Il se plaça à ses côtés. Le mois de novembre était bien entamé à présent. Il faisait plutôt froid. Les feuilles des arbres commençaient à recouvrir le sol.

"Hey ! "

Se contenta-t-il de faire. Il ne voyait encore qu’une partie de son visage mais pouvait deviner le reste. Elle n’avait pas changé. Toujours aussi particulière.

*Les meilleurs ne changent pas…*

Jess tremblait comme les feuilles tremblaient sous le coup du vent de la fin du mois ... était-ce pour cette raison ou était-ce simplement le stress qui l'envahissait ? Aucune idée mais elle tremblait, s'en était perturbant, à tel point qu'elle fit tomber sa cigarette au moment où Connor vint s'installer à côté d'elle

*Et merde !*

Elle tenta de l'écraser mais ses jambes aussi fonctionnaient mal et elle visa tout juste pour éteindre les cendres

"Salut !"

Marmonna t-elle vaguement

Elle se réinstalla, replaçant ses cheveux derrière ses oreilles afin de mieux voir son interlocuteur. Il n'avait pas trop changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu

*En même temps, c'était il y a une semaine, si pas plus*

Et voilà ! Que dire ? Devait-elle encore le voir comme Connor, le gars qui connaissait toute sa vie sans qu'elle n'eut le besoin de lui dire, ou bien comme le garçon qui frappe sur les arbres ? Et puis maintenant, il y avait le papier certifiant qu'il avait été en institution psychiatrique. Devait-elle le prendre pour un fou ?

*En même temps, un gars normal qui frappe dans les arbres pour se défouler ...*

Elle s'efforcait à se concentrer et à le voir comme Connor, ni plus, ni moins

"Ca va ?"

La question qui tue !

Jess en passa outre et décida d'entamer LA conversation proprement dite mais comment ?

"Connor je ..."

Ca commençait bien !

"... je suis désolée pour ma réaction de l'autre jour !"

C'était déjà ça. Voilà ! C'était tout ? Que dire d'autre ?!

Elle n’avait pas changé même si au fond, cela ne faisait pas si longtemps que ça qu’ils ne s’étaient pas vu. De plus, il l’avait de nombreuses fois aperçue au détour d’un couloir. Il s’était juste contenté d’éviter de lui parler. Mais à présent qu’elle était là, il n’en comprenait plus la raison. Elle s’enquit sur son état. Une question badine et anodine à laquelle Connor n’aimait généralement pas répondre. Et pourtant, posée par Jess, elle prenait un tout autre sens. D’ailleurs, il ne rechigna guère à y répondre.

"Assez bien."

Il allait mieux, se maîtrisait, n’entendait plus sans cesse cette petite voix sarcastique ou si il l’entendait n’y prêtait plus attention. Il tentait d’oublier ce qu’il avait été afin de se concentrer pleinement sur ce qu’il était… même si il ignorait qui il était réellement. Il se laissait vivre pour une fois. Il esquissa un fin sourire lorsque Jess se mit à s’excuser. De quoi s’excusait-elle exactement ? De l’avoir pris pour un fou, de l’avoir repoussé ? Cette réaction était des plus normal. Et en tant normal, personne ne serait revenu vers lui. Elle l’avait fait. Elle prouvait une fois de plus qu’elle n’était pas comme les autres.

Il s’assit à côté d’elle se moquant pertinemment des personnes qui ronchonnaient en les contournant. Il garda le silence un moment.

"Ce n’est rien."

Finit-il part déclarer sur un ton anormalement calme. C’était le fruit du travail qu’il avait effectué sur lui. Il ne s’énervait plus pour un rien.

*Heuuu…*

Dans une moindre mesure. Et il relativisait beaucoup plus.

*et bien…*

Toujours dans une certaine mesure.

*Je ne voudrais pas contredire mais…*

Bon, Connor n’avait pas tant changé que ça dans le fond, mais il avait pris le parti de ne plus effrayer les personnes qui avaient le courage de l’approcher et de le considérer comme quelqu’un avec qui on pourrait avoir une conversation. En l’occurrence, c’était le cas de Jess. Il ne devait donc plus l’effrayer comme il l’avait fait par le passé.

*Frapper dans des arbres… S’énerver pour un rien…*

"Je crois que j’aurais réagi de la même manière…"

Il tourna le visage vers Jess.

"Tu es là maintenant, non ? Donc… oublie ça !"

*Philosophe maintenant ?*

Elle ne l'aurai songé, mais il prit le temps de répondre à sa question, sordide ! Elle détestait le genre de conversation qui donnait : "salut ça va ? Oui et toi ? Ca va!"
Même si elle s'inquiétait de savoir si Connor allait bien, elle ne voulait pas entendre sa réponse, pas qu'elle s'en fiche, non, mais pour ne pas tomber dans la conversation routinière

Il s'assit à côté d'elle, avec un petit rictus et un vague "ce n'est rien"
Si, c'était quelque chose ! Pas simplement le fait de l'avoir pris, ne serait-ce qu'une seconde pour un malade mental, mais également pour tout ce qui s'était passé précedemment

*Oublier ?*

Comment oublier ? "On n'oublie rien, on s'habitue ... c'est tout" disait Jacques Brel dans l'une de ses chansons. Et puis même, comment pourrait-on oublier le passé ? Avec le temps ... ou une lobotomie. C'était tout comme le tatouage de l'un de ses zio dont elle se souvenait, l'ayant vu étant petite, un tatouage sur le bras "pardonner, peut-être ... oublier, jamais !"
Elle savait que même si Connor pouvait passer OUT cette petite prise de tête, il ne l'oublierais pas, même s'il le voulait

"Non, je veux dire ... pas uniquement pour tout ce qui s'est passé la dernière fois que l'on s'est vu"

C'était tout, elle ne voulait pas s'engager dans les détails mais par là, elle pouvait laisser sous-entendre tout ce qui s'était passé de désagréable : les prises de tête entre Alex et lui, son amour impossible auquel elle n'y pouvait rien

"Je suis désolée !"

D'être comme elle était, de ressemblait à ce qu'elle était : physiquement et mentalement. Ce qu'elle aurait aimé et être aimé, tout comme sa soeur, être une peste qui ne se soucie de rien, même si elle en avait été une par le passé, depuis son arrivée à l'école ... elle avait changé, que ce soit à cause, ou du moins ... grâce à Alex, et même Connor !

Connor n’en montra rien mais la réaction de Jess le prit au dépourvu. Elle s’excusait pour tout. Cela impliquait tellement de choses. Tout ce qu’il s’était passé entre eux sans que rien ne soit réellement arrivé. A vrai dire, il ne voyait pas pourquoi elle s’excusait. Elle n’avait pas à s’excuser de ne pas ressentir pour lui ce que lui ressentait pour elle. Elle n’avait pas non plus à se sentir responsable des conséquences qu’avaient engendrées les sentiments qu’il éprouvait pour elle. Non vraiment, s’excuser ne rimait à rien.

C’était cependant nécessaire pour Jess. Connor la laissa dire. Puisqu’elle avait besoin de l’exprimer. Il ne lui tenait rigueur pour rien. Elle n’avait fait qu’être elle-même –lui aussi en même temps. Ils avaient eu l’espace d’un instant une manière de communiquer quelque peu différente, ils ne s’étaient pas compris, n’avaient pas été sur la même longueur d’onde mais tout allait mieux maintenant.

*A d’autres !*

Connor faisait fi des cris de son cœur, de son esprit. Il se contentait de voir en Jess l’ami, la confidente des débuts de leur relation. A l’époque, aucune ambiguïté n’enrobait leurs rapports. Ils étaient amis… sans vraiment se l’avouer en raison de leur caractère indépendant.

"C’est pardonné."

Se contenta-t-il de dire. Il lui avait assuré que c’était oublié, mais elle ne s’en était pas satisfaite. D’un côté, il ne pourrait pas oublier. Il était donc plus sage de simplement pardonner.

Il ne pu s’empêcher de sourire.

"Je n’aurais jamais cru qu’un jour tu t’excuserais… Sans vouloir te vexer."

S’empressa-t-il d’ajouter. Ce n’était pas une remarquer méchante ou désobligeante, juste une constatation. Jess avait eu certaine fierté. Ou un côté surprenant, que Connor ne saisissait pas encore. Elle ne s’excusait que lorsque c’était de sa faute.

*et là, c’est la mienne…*

"C’est juste que… Tu n’as rien fait. Tu as réagi comme toi. Je ne t’aurais jamais blâmé d’être toi…"

Il se tourna vers elle, une pensée qu’il n’eut le temps de réfréner l’atteint de plein fouet.

*Tu es si parfaitement imparfaite.*

Il n’en laissa une fois de plus rien paraître. Il arrivait à se maîtriser à présent. Il avait bon espoir que d’ici quelques mois, ces sentiments aient totalement disparu.

Elle savait qu'il n'en était rien et que ce n'étais pas finis, et même si Connor lui pardonnait, il aurait pu dire n'importe quoi, Jess ressentait toujours un petit désagrément au fond d'elle

*Ca y est, tu deviens humaine, si c'est pas magnifique l'évolution !*

C'était vrai, auparavant, elle aurait pu faire n'importe quoi, comettre un meurtre, elle l'aurait fait sans crainte ni regret, et maintenant, elle se prend la tête avec une malheureuse dispute

*-Non, parce que prendre un ami pour un fou ... j'appelle pas ça rien !
-Et depuis quand l'amitier est devenu important pour toi ?*

Les choses changes, les gens aussi mais la transition était vraiment trop flagrante

"Ok"

Se contenta t-elle de dire mais Connor continua la conversation pour elle

*Qu'est ce qu'il sous entend pas là ?*

La vexer ? Hum ... non, jamais, en même temps, elle s'en fichait pas mal de ce ques les gens disaient ... mais venant de lui ... non, ça n'avait rien avoir ce qu'il disait

"Peut-être ... mais ..."

*-Mais quoi, tu l'aurais bien fait avant !!!
-J'AI CHANGE ! TU PEUX COMPRENDRE CA ?*

"... faut pas chercher à comprendre ... c'est moi"

Dit-elle en haussant les épaules

C’était elle. Oui. Et cette manière qu’elle avait de le dire… elle semblait s’en excuser. Connor trouvait cette attitude plutôt touchante. Il ne cherchait pas à comprendre même si au fond de lui il aurait aimé que ce soit un don naturel chez lui. Comprendre Jess. Il avait cru un moment qu’il arrivait à la cerner. Peut-être était-ce toujours le cas. Peu importait. Il ne voulait plus se poser la question. Il se contentait de profiter de sa présence et de l’amitié qu’elle semblait vouloir lui offrir. Il sourit paisiblement et regarda devant lui sans mot dire.

Il aimait l’automne, non pas la pluie battante qui frappait sans crier gare toutes les demi-heures. Mais la couleurs des feuilles et la chute nonchalante de celle-ci sur le sol encore humide. Il n’aimait pas ses jeans maculés de boue, mais pouvait parfois trouver un certain plaisir à sentir les gouttes de pluie s’écraser sur son visage.

"Tu as changé pourtant…"

Ce n’était pas un reproche, une constatation seulement. Ils n’avaient non seulement pas souvent eu de conversation au ton calme, mais généralement, Connor avait toujours ressenti comme une pression, quelque chose qui le poussait à en faire plus, trop peut-être.

*C’est peut-être moi qui ait changé*

"Ou alors c’est peut-être moi"

*Tu parles dans le vide ou je rêve ?*

Il se murmurait des choses plus à lui-même qu’à Jess, même si son oreille –attentive ?- lui faisait chaud au cœur. Il aimait passer du temps à ne rien faire, à observer la nature. Il aurait bien pris son violon, se serait mis à la recherche de Leo pour qu’il partage un moment de musique et d’émotion tous les deux. Mais Jess… c’était très bien aussi.

*Très bien ? Euphémisme. C’est parfait*

Il était en paix avec ce qu’il ressentait. Du moins aussi en paix que possible. Ces envies destructrices le quittaient peu à peu lorsqu’il était en société. Il se contentait de péter les plombs une fois seul dans sa chambre, quand John n’était pas encore rentré. Il ne voulait pas que Cindy apprenne quoique ce soit en rapport avec son passé.

"J’aime ce temps."

Le soleil perçait à travers les nuages. Le vent sifflait légèrement entre les feuilles des arbres et pourtant, un bruit de tonnerre fracassant retentissait dans leurs oreilles. Un paradoxe naturel.

"Il est comme moi."

*J'ai changé*

Cela avait un côté rassurant, elle n'était donc pas folle, le fait était là. Mais après tout, qu'est ce que le changement lui apportait ? Une meilleure qualité de vie ? Mouais : elle était un peu plus sociable, elle avait des enfin ... quelques amis, quelqu'un qu'elle aimait ... mais c'est fou les regrets que l'on peu avoir par moment à se dire qu'avant, on se serait fouttu pas mal de dire ou de faire une telle chose alors que maintenant, on oserait plus

Et comme à leur habitude, Connor et jess restaient là, assis, sans rien dire, à regarder devant eux le paysage, le va et vient des gens qui entraient et qui sortaient du bâtiment et de son côté, elle s'amusait à leur inventer une histoire à chacun, rien qu'à leur tenue vestimentaire ou à leur visage, les émotions qu'elles affichaient. Cela n'avait rien d'hillarant, ça passait juste le temps

*Il aime l'automne ?*

Jessica trouvait ça vraiment déprimant, elle comptait lui dire, mais se résigna lorsqu'il lui dit qu'il était semblable

*Tu est déprimant*

Lui répondit-elle mentalement, ironique avec un large sourire

En fait, non : ILS étaient, aussi bien comme l'autre, déprimant à leur façon, à leur histoire et surtout, à leur conversation. Deux paumés assis sur des marches à ne rien faire

Finalement ... l'automne n'était pas déprimant, c'était le temps qui l'était : le vent, la chute des feuilles, les couleurs ternes et sans vie, à vrai dire, c'était le début de la fin de pratiquement tous les végétaux. Et puis surtout, c'était la période où les gens déprimaient le plus également, la période où les suicides affluaient

*C'est toi qui est déprimante Jess*

A réfléchir à une saison particulière ... l'hiver ? C'était blanc, c'était beau, c'était amusant à voir les gens se balancer des boules de neiges ou à faire des bonhommes. C'était la mort d'une chose et la vie d'une autre, c'était beau, magique, les fêtes ... qu'elle n'avait jamais fêtées d'ailleurs mais voir les autres heureux la rendait presque aussi joyeuse qu'eux

*On en a rien à faire j't'explique !*

Long soupir suivit d'un rallumage de cigarette. A la première bouffée, elle lâcha son songer :

"J'en ai vraiment marre de cette merde !"

Et une fois de plus le silence s’était installé entre eux, parce que Connor et Jess n’avait pas besoin de parler, ils se comprenaient, ils se respectaient même dans le silence. Et puis, Jess n’était pas de ces personnes qui parlaient sans penser, dans le seul but de se prouver qu’elles avaient de la conversation, non. Jess était de celle qui préférait la qualité d’un échange, à la quantité de phrases prononcées au court de celui-ci. Il sourit.

Aux traits de Jess, il devinait qu’elle ne partageait pas beaucoup son opinion sur l’automne. A vrai dire, ce n’était le cas que de peu de personne. Tout est terne en automne. Tout meurt. Principalement les gens. Le taux de suicide s’envole au plafond en octobre et en novembre. En avril également.

*Va savoir pourquoi.*

En automne, le temps influe sans doute sur le moral. Mais en avril ? Pourquoi les gens décideraient-ils de mettre fin à leur vie, un jour de temps clair et radieux ?

*Tu deviens morbide à ne penser qu’à la mort*

Mais la mort faisait partie de la vie. Les deux étaient étroitement liés. Et contrairement à d’autres qui préféraient ne pas y songer, Connor lui, gardait sans cesse en tête que rien n’était éternel et que tout pouvait s’arrêter brusquement, à n’importe quel moment.

Il tourna la tête vers Jess qui se rallumait une cigarette.

*Toute cette merde ?*

"La cigarette ou la vie en général ?"

Demanda-t-il d’un ton calme fixant à nouveau son regard sur quelques feuilles vagabondes qui venaient virevolter près de leurs pieds. Il eut envie d’en tirer une bouffée. Des vertus relaxantes elles avaient ces petites choses. Peut-être avait-il fumé à une époque. Tout était encore flou.

*j’ai fait tellement de choses*

Elles lui revenaient en mémoire au compte goutte, et jamais de manière parfaitement précise. Tout était toujours emmêlé, comme si ses souvenirs n’étaient qu’un labyrinthe.

" La vie est un merde en général…"

Il plissa les yeux. Connor ne jurait pas beaucoup… plus beaucoup ?

"C’est toujours à nous d’en tirer le meilleur…"

Si il avait eu une cigarette, il aurait tiré dessus à cet instant précis.

"Ou le moins bon… "

La cigarette ou la vie en générale ?
La phrase était tout d'abbord consacrée à la cigarette mais dans le fond, les deux mots avaient le même sens : à force de les consumer, on finira bien par mourir de toute évidence. Pourquoi la vie menait-elle à la mort ? Enfin, pourquoi venir sur terre si c'est pour en partir ?

*Attention, Jessica fait sa philosophie à deux balles! Ramenez vous tout le monde, ça vaut le coup !*

Elle poussa un long soupir de fumée et répondit simplement :

"La vie n'est pas une merde pour tout le monde"

Ca l'étonnerait bien fortement que sa soeur râle pour autre chose que ses faux-ongles mal mis ou parce qu'elle ne retrouve plus son sac préféré. Les gens étaient tellement superficielles, la vie n'était une merde que pour les gens vraiment malheureux, ceux qui n'ont rien, qui crèvent la dalle, de soif et de froid et dont le reste de la planète n'en a strictement rien à faire ou ils font semblant et encore, ils sont parfois eux même plus courageux que les trois quart de la planète. Ils ont les vrais valeurs et profitent du peu qu'ils ont. Bien sûr qu'ils sont malheureux, ils aimeraient de l'aide mais ils ne crient pas, ils sont là, attendant que quelqu'un se décide à se bouger le cul pour les aider. Et les autres, ils râlent, encore et toujours parce qu'ils n'ont pas la dernière paire de chaussures à la mode

*Mère Thérésa maintenant ... on aura tout vu !*

Jess jeta un petit regard discret vers Connor et l'observait, tout comme il l'observait ou du moins, l'objet maléfique qu'elle tenait entre son index et son majeur. Un petit sourire, elle prit son paquet déposa juste à ses pieds, l'ouvrit, fit avancer une cigarette et lui tendit le paquet

"La cigarette aussi est une merde mais si t'en veux une ..."

Marmonna t-elle, la cigarette coincée entre les lèvres

*Tu te verrais, t'as l'air d'un vieux septengénaire sans dents*

La vie n’était pas une merde pour tout le monde certes. Mais la plupart du tout, elle était… comment dire…

*A bitch ?*

C’était le mot le plus juste. Pourtant, aux yeux de Connor, discuter avec Jess n’était pas la panacée, mais tout de même d’un réconfort certain. Il regarda le paquet qu’elle venait de poser à ses pieds, lui offrant généreusement d’en prendre une. Connor hésita.

*est-ce que je…*

Il sentait comme une envie de s’en saisir. Il n’avait pourtant jamais fumé.

*Tu ne t’en souviens peut-être pas, nuance*

Il voulait s’assurer qu’il n’était pas un fumeur. Et puis au fond, même si il l’était, n’était-ce justement pas l’occasion d’arrêter ou de ne pas recommencer. Il esquissa un sourire. Deux doigts glissèrent jusqu’à la cigarette. Il la prit, et l’observa.

"C’est étrange…"

Il rit sans joie. Il la tourna dans tous les sens comme pour s’assurer qu’elle n’avait pas de défaut. Il ignorait ce qu’il cherchait. Rien de spécial et pourtant tout un tout. Une réponse sans doute. Comme si quelqu’un allait pouvoir lui dire si oui ou non il avait fumé dans son jeune temps.

*comme si j’étais vieux.*

"Je ne sais même pas si je fume…"

Il rit une nouvelle fois sans joie. Il se sentit vide tout à coup. Les souvenirs qu’il avait en mémoire étaient-ils les siens, ou le fruit de son imagination.

*Le produit du diable coco…*

"Ca a un côté flippant… "

Connor était long, hésitant à savoir s'il devait prendre ce petit vice ou le laissé dans la boîte avec ses confrères. Au bout d'un moment, il fallut bien se décider et Connor se saisit de l'objet en question

Elle poussa légèrement le briquet vers lui. Bhen oui, parce qu'il n'y a pas de fumée sans feu

*- Mouarf ... tu te lances dans l'humour maintenant ? Fais gaffe parce que le record lancer de soi est à plus de trois mètres !!!
- ...*

Jessica obervait le jeune homme, l'écoutait

Il parraissait angoissé rien qu'à l'idée de fumer, ne sachant plus très bien s'il fumait ou pas
A première vu ... non, il n'avait pas la tête d'un fumeur, ni d'un drogué, ni d'un alcoolique, un parfait petit ange, peut-être trop. Comme s'il avait trouvé son mode d'expression : les arbres

*Un petit Sangoku qui veut couper des bûches*

Non, ça n'allait pas, cette petite vois ironique commençait sérieusement à lui taper sur le système. Et puis c'était qui, qu'est ce qu'elle lui voulait ?

*- Non mais tu peux pas m'fouttre la paix cinq minutes non ?
- Je suppose que t'as déjà entendu cette phrase : "plus tu voudras que je m'en aille, plus je serais là !"*

"J'suis désolée Connor mais ..."

Elle se leva, récupéra son paquet de sèches, décidée à partir

"... j'crois que j'vais y aller"

Elle avait besoin d'être seule, faire le vide. Les choses s'étaient arrangées entre eux : bien, maintenant, elle avait besoin de se reposer, d'oublier qu'elle avait du mettre sa fierté de côté en allant vers lui, chasser ses mauvaises idées et puis ...

*... et puis merde !*

Jess descendit les marches, s'arrêtant une fois arrivée en bas et cherchant à tous les angles de rues comme si elle cherchait quelqu'un

Les choses semblaient être rétablies entre lui et Jess. Ils n’avaient jamais été de grands bavards. Et leur conversation s’achevait souvent sur ce genre d’évènement. Jess se levait et s’en allait. Connor ne lui en tenait pas rigueur. Elle était libre de partir quand bon lui semblait après tout. Ils vivaient en pays libre. Il esquissa un faible sourire.

"Je t’en prie…"

Murmura-t-il d’une voix presque inintelligible. Il la regarda s’éloigner. Ile connaissait une partie de lui qui, non maîtrisée et quelques semaines auparavant, lui aurait sans doute couru après en lui demandant pourquoi elle s’en allait. Elle n’avait pas besoin de s’expliquer. Elle était elle, elle était libre.

*obsédé par la liberté Coco ?*

C’est parce qu’il ne l’était pas vraiment… Libre. Il était prisonnier de son passé, de son présent, de tout. Et de son père. Un homme si puissant en réalité. Son père qui ne l’avait même pas reconnu. Produit du diable était-il. Il le resterait donc, et cette phrase le hanterait pour toute sa vie.

*bastard*

Il avait détruit sa vie. Sans en faire partie, il avait anéanti toutes les chances de Connor d’être un homme bien. Même si les Anderson avait fait un magnifique travail pour le remettre dans le droit chemin, eux non plus, n’étaient pas restés.

*people around me die !*

C’était comme en automne. Ce qu’il y avait autour de lui mourrait. L’automne était la grande métaphore de sa vie. Il fit un signe de la main à Jess qui était bien loin déjà. Il sourit paisiblement.

*You’re gonna be the one that saves me…*


[The end?]

Ouais